Lorsque la folie mystique enferme l'individu dans des contrées inaccessibles, c'est ce dont parle mon dernier texte.
Un extrait:
" Ils ne m’auront
pas. Ils peuvent bien raconter ce qu’ils veulent, je ne suis pas
dupe. Je sais bien qu’ils sont à la solde du pouvoir. Tous ces
médias, ces journaleux… et c’est pour cela qu’ils nous
mentent. Il me suffit de regarder par la fenêtre pour découvrir
l’ampleur de leur manipulation.
Ça fait quinze jours
qu’ils sont là à attendre que je sorte, les statiques, les
désincarnés. On dirait des zombies en attente de nourriture. Chaque
jour leur nombre va croissant. Leurs yeux sans vie fixent la fenêtre
de ma chambre. Mais pourquoi moi ? Pourquoi m’ont-ils choisi ?
Qu’ai-je donc que les autres n’ont pas et qui fait que je les
attire irrémédiablement ? Ils n’en savent probablement rien
puisqu’ils ne pensent plus. Il ne sert à rien d’espérer une
réponse de leur part. Mais moi, je sais. Seul l’instinct de
conservation les meut. Se nourrir pour survivre. Arraché ma chair
goûteuse puis s’en repaître jusqu’à satiété. Avec violence,
acharnement, dévorer mon corps et s’emparer de ma force vitale ;
j’imagine leurs crocs déchirant la peau de mes bras, de mes
jambes, de mon ventre et de mes… non, pas question ! Je ne
leur servirai pas de dîner. Je ne serai jamais leur mets de choix.
Ils peuvent bien crever là, plantés tels des chiens de garde
exsangues. Mais ils ne sont pas seuls.
Il y a les autres. Tous
les autres. Ceux qui se meuvent. Ceux qui bougent, courent, rampent,
se faufilent, s’insèrent. La semaine dernière, Lucio, un de mes
correspondants sur le net m’a avoué se sentir défaillir. Depuis
quelques heures, il sentait ses forces l’abandonner comme si de
l’intérieur, un organisme vivant aspirait son sang telle une pompe
ininterrompue. Et puis, j’ai vu son visage se creuser laissant
apparaître sous la peau un grouillement famélique. En quelques
secondes son corps fut pris de terribles soubresauts et je les vis
enfin. Perçant l’épiderme, ils s’échappèrent par dizaine, par
centaines. Impuissant derrière ma webcam, j’assistai à l’agonie
de Lucio qui fut avalé par ces suceurs insatiables. Croyez-moi, à
tout moment, ils peuvent nous surprendre. Et lorsqu’ils nous
mettent le grappin dessus, c’en est fini de notre existence. C’est
pour ça que je ne sors pas. Mon univers, mon espace vital se résume
à ces quinze mètres carrés. Et je l’ai équipé en conséquence.
Pour tenir le siège. Je serai le dernier en vie une fois qu’ils
auront anéanti l’humanité toute entière. Car c’est bien là
leur plan : prendre notre place ici-bas par la contamination.
Alors quitter ma chambre me serait fatal ! "